LES AFFAIRES DE POLOGNE 59 celles, du moins, que permettent les progrès affligeants de la sensibilité publique. II a fixé les moyens et marqué la voie, et, vingt années durant (1886-1908), l’Allemand colonise dans l’Est, jusqu’à ce qu’il exproprie. Une commission de colonisation (Ansiedlungs-lcommission), secondée par l’Association des Marches de l’est (Ostmarkverein), œuvre des « Haka-tistes » (on sait que les Polonais ont forgé ce mot des initiales des noms, à sonorité voisine, de leurs plus grands ennemis Hansemann, Kennemann et Tiedemann), achète les terres polonaises et y installe des colons allemands venus de l’Ouest ou rappelés de l’étranger. Des lois successives jettent l’argent nécessaire à cette œuvre de salut national : 100 millions de marks en 1886, 100 millions en 1898, i5o millions encore en 1902. Tout cet argent a produit des merveilles, mais non pas du tout celles qu’on espérait. En ce pays jadis pauvre, la prospérité agricole est venue et aussi celle, moins désirable, des marchands de biens. Les causes générales de l’enrichissement allemand ont servi l’œuvre de la Commission. L’empereur Guillaume II a procuré la richesse à ses peuples; c’est môme pour cette raison, si vous voulez bien y songer, que l’Europe est demeurée en paix depuis vingt-cinq années, et pour cette raison encore qu’elle est si souvent à la veille de la guerre, si l’on admet que la principale cause de conflit soit la rivalité anglo-allemande. De cette richesse les provinces de Posnanie et de Prusse ont profité plus que d’autres provinces agricoles, grâce aux efforts de la Commission de colonisation, à son argent,