I 10 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE avec son voisin de tramway ou son camarade de bureau; c’est l’alimeni de son plaisir le plus cher. Pour le Viennois, il en va tout autrement. Son seul souci le matin est de savourer en paix son déjeuner. Vous appréciez comme nous ce café au lait mit Brötchen aux mille variétés, première gourmandise de journées où les plaisirs assez raffinés de la table tiennent une grande place ; qu’il serait inopportun et intempestif de troubler cette matinale jouissance par une de ces nouvelles qui ébranlent l’attention et inquiètent l’esprit! Vos journalistes parisiens savent parfaitement leur métier que moi-même je n’ignore pas. C’est pourquoi, la même nouvelle dont à Paris on fait une manchette catastrophique et sensationnelle, barrant trois colonnes de ses lettres énormes, je la coule en petits caractères à la fin d’une dépêche rassurante qui respire le calme diplomatique. » Si cette mansuétude de l’esprit public, cette aptitude à recevoir les sottises et les bourdes est un bienfait en temps de guerre, on en discute et, pour ma part, je n’en crois rien. Mais la police autrichienne servait fort bien l’État, en revanche, lorsqu’elle réunissait, en vue de son action extérieure, des informations politiques sûres et nombreuses. La guerre aura fait apparaître l’incroyable disposition naturelle de l’Allemand à l’espionnage. C’est vraiment une vertu germanique, honteuse et profitable. Mais hors de l’espionnage militaire, il y a l’information politique, l’observation minutieuse, classée sur fiches, de la vie politique, du détail économique, des hommes et des choses dans les pays où l’on veut agir. Nous avons, sur ce point,