112 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE Comme la police, dont l’esprit anime secrètement tout l’État, l’armée est, dans la Double Monarchie, une institution solide, durant cette guerre second fidèle et effacé de l’armée prussienne, et très différente de celle-ci. 11 n’y a pas de militarisme austro-hongrois. 11 y a bien dans l’Empire une nation qui serait militaire si elle n’était parlementaire, et c’est la Hongrie. Là, comme en Prusse, vous voyez une caste orgueilleuse, tyrannique et fermée qui exploite le territoire et gouverne l’État. L’analogie ne vous apparaît pas peut-être, parce que les descendants des cavaliers d’Arpad, magnats à aigrettes et chamarrures, ont conservé quelque grâce chevaleresque et que ce seul trait suffit à éloigner tout souvenir du Prussien, mais la Hongrie est bien une institution d’origine et de caractère féodaux, entourée de nations vassales et assujetties avec une dureté presque égale à celle des Teutoniques. Toutefois, entre la discipline et le Parlement, les Magyars ont choisi celui-ci. Les premiers dans le monde, avant les Anglais, ils ont pratiqué la vie parlementaire. Grâce à ce choix bienheureux des Magyars du onzième siècle, on peut dire qu’il n’y a d’esprit militariste ni en Hongrie ni en Autriche. Le militarisme est une forme de gouvernement qui met l’armée à part et au-dessus de l’État, la soustrait, dans les mains de l’Empereur, à toutes les règles politiques, en fait l’instrument même du pouvoir absolu; l’armée est elle-même le pouvoir absolu et domine le souverain en personne. Tous ces traits ont paru en Allemagne, avec une précision juridique, dans l’affaire de Saverne qui a révélé au