DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE L’Église est le troisième pilier de la Double Monarchie. On a paru parfois surpris, chez nous, de la prédilection que le Vatican semblait accorder à l’Autriche parmi les Etats belligérants. Il entre dans la composition de la politique internationale, et par suite complexe, de la Curie romaine un certain nombre d’éléments qui ne nous apparaissent pas tous bien distinctement. Il faut tenir compte, pour l’apprécier, de cette légère incertitude, de cette ombre d’appréhension qui flotte toujours, aux yeux du Vatican, sur les dispositions du clergé germanique. On soupçonne parfois quelques gestes d’indépendance parmi les génuflexions ; et cette facilité merveilleuse qu’ont les Allemands pour transformer leur plus léger mécontentement en une lourde discussion doctrinale, leur aptitude séculaire aux querelles ont laissé à Rome un souvenir redouté. Le vieil esprit de Frobenius et du joséphisme n’est pas tout à fait mort; il n’est pas, comme notre gallicanisme, réduit à la valeur d’une discussion académique. Les derniers grondements de la crise moderniste (*), difficilement contenus en Allemagne par des évêques divisés entre eux-mêmes, s’éloignaient à peine, lorsqu’on vit le peuple allemand et ses prêtres, secoués, vers le milieu de 1914, de cette brutale ivresse qui restera Pun des épouvan-tements de l’histoire, invoquant tous les dieux des religions diverses, et animés, en réalité, de l’esprit barbare du vieux dieu germanique, celui qui (1) Cf. Maurice Pernot, La Politique de Pie X. Paris, Alcan,