LA CONFÉDÉRATION D’iLLYRIE 231 désordre, abandonnant en terre serbe leurs canons et des milliers de frères slaves, tchèques et slo-vènes, libérés de l’aigle autrichienne. Durant près d’une année les Serbes montent la garde sur le Danube et sur la Drina, chantant dans leur montagnes leurs admirables chants de gloire et de triomphe. Enfin la trahison bulgare, la confusion de l’Europe et la brutalité germanique consomment la ruine ; l’armée française tente pour sauver la Serbie une marche inutile. Les troupes serbes s’écoulent, hélas ! par les sentiers d’Albanie qu’elles avaient descendus victorieuses trois années auparavant pour être arrêtées sur les rives adriatiques par l’Autriche jalouse et l’Europe alors docile. Une carriole emporte, à travers les cahots et les ravins du pays skipe, le roi Pierre, le roi de Shakespeare, dont la figure grandit encore dans l’imagination des hommes. D’une telle histoire la légende sort de toutes parts. Déjà l’on conte qu’au jour où l’armée serbe, dans la première guerre balkanique, rentra dans Prilep qui garde le tombeau de Marko Kralievitch, le brave dont six siècles ont chanté la légende, le héros se dressa hors de sa tombe, comme les prophéties l’avaient annoncé au peuple. Aussitôt, aux soldats serbes qui l’entouraient, Marko demanda : « Oui commande ici ? » On lui dit le nom du colonel placé à la tête des troupes de Prilep, officier comme lui célèbre dans toute l’armée par sa bravoure, sa valeur militaire et son intempérance. A ce nom : « Je puis donc dormir, dit Marko; il n’y aurait pas à Prilep place pour nous deux. » Ne pensez-vous pas qu’Étienne Douchan, le