LA CONFÉDÉRATION d’iLLYRIE 2 33 à la fin de la première guerre balkanique. Elle eût valu à ses hommes d’Etat un grand renom d’habileté en ces temps à jamais abolis où l’esprit d’impérialisme gouvernait le monde. En vingt années le Gouvernement serbe, par des méthodes d’énergique persuasion, aurait pu sans doute unifier la riche variété des nationalités de Macédoine. La trahison militaire du Roi et des généraux bulgares à la Bregalnitza donnait même un principe moral à cette conquête et à cette réduction d’une terre disputée en province serbe. Pendant ces années pacifiques, le prestige naissant du jeune royaume eût naturellement attiré à lui les diverses variétés de la race serbe, elle aussi riche en rejetons, les différences d’esprit et de tradition se seraient atténuées dans la famille des Serbes d’Autriche, et l’unité politique de la race serait sortie toute seule de la décomposition autrichienne. Je suis persuadé que telle fut en effet la pensée du Gouvernement, et cet intérêt évident de la politique serbe à la paix est une preuve entre mille autres, un fil de la trame si serrée des responsabilités germano-magyares de la guerre. Plan chimérique d’ailleurs, car il supposait vingt années de paix balkanique, ce qui jamais ne se vit et que le régime turc même n’obtint jamais de ses giaours des Balkans. Mais surtout la Serbie a subi comme le reste du monde les effets de ce décret de quelque démiurge fantasque qui a voulu que tous les problèmes politiques de la planète fussent posés ensemble dans l’année 1914 et que le monde n’eût point de paix qu’ils ne fussent tous résolus. Sans souffler, après son double effort balkanique,