I08 DE LA SUCCESSION D’AUTRICHE celle bien mieux à faire le silence sur les choses publiques. La presse autrichienne est un bureau du département de la Police qui a son siège au ministère des Affaires étrangères à Vienne. La perfection de ce régime de presse est justement réputée ; aucun Etat en Europe n’est mieux servi par sa presse, avec plus de docilité et d’impudence que la monarchie des Habsbourg. La presse viennoise s’est surpassée pendant la guerre ; on ne pensait pas qu’il fût possible de publier tous les jours, pendant des mois, tant d’ignorance et tant de misère servile. A Vienne, le journal socialiste, Y Arbeiter Zeitung, qui a poussé quelquefois d’humbles gémissements, n’a pas connu la rage concentrée de ne pouvoir parler, que son frère aîné, le Vorwärts, laissait au moins paraître quelquefois, quand il n’était pas étouffé par l’équipe majoritaire. Vous ne découvrez, dans la presse viennoise, rien qui puisse vous révéler quelque chose du sentiment public, non pas seulement à l’égard de l’ennemi, — c’est trop clair, — mais à l’égard des alliés de l’Em-pire. A l’égard de l’Allemagne qui, en l’aidant à forcer les lignes de la Dunajec, a sauvé l’Empire et poursuit le dessein de faire de ses « frères » du Sud une race sujette, les sentiments autrichiens doivent être complexes. Vous le devinez sans peine, plus heureux en cela que les journaux de Vienne, de Salz-bourg ou d’Innsbruck qui n’en savent rien et n’en soufflent mot. Les Hongrois tiennent trop à leurs mœurs politiques pour avoir renoncé simplement, à cause de la