LE ROYAUME DU CALICE 197 des Allemands d’Autriche, agents directs de l’Allemagne. Comme Berlin donc, Clam-Martinitz et Seidler veulent deux choses : le Mitteleuropa et la paix. Et ils se servent de l’une pour l’autre. Car, pour finir le Mitteleuropa, la difficulté est toujours la même : réduire les Tchèques, et pour réduire les Tchèques, il faut leur montrer la paix prochaine. L’empereur Charles a conçu le projet de se présenter au monde, à la fin de cette guerre, environné des bénédictions de ses peuples idolâtres. Le pauvre homme ! Affranchir ses peuples, quand lui-même est dans les fers! Il a usé sur les Tchèques toutes ses séductions. C’est pour eux qu’il avait choisi, pour son premier ministre, Clam-Martinitz parmi eette « noblesse historique » germanisée ('). Sa Majesté avait prescrit à ses ministres de préparer la convocation du Reichsrath et les transports d’amour que cet événement inouï devait déchaîner parmi ses nations. Pour le succès de ce concert d’adulations slaves, impossible de se passer des Tchèques, chefs de chœur. Clam-Martinitz passa donc à Prague les quelques jours qui précédèrent son avènement. Il pressait les Tchèques d’accepter un compromis. « Que pouvez-vous espérer en Europe d’autres que de Czernin ou de moi, qui vous sommes connus, qui vous fûmes amis? De l’Entente? Mais vous voyez bien que la paix est proche, qu’elle se fera dans les conditions présentes ou semblables. L’Europe Centrale, ce sera pour vos grandes « Puissances Pro- (1) Voir ci-dessus, p. 157 et suiv.