GERMAINS ET SLAVES et qu’il était parti en toute hâte de Saint-Pétersbourg pour Scutari où il n’avait pas autre chose à faire qu’à célébrer la Pâque orthodoxe avec les compagnons du roi Nicolas de Monténégro. Et comme il était contraint de s’arrêter une heure à Vienne, il nous exposa, tout en marchant au travers de la pièce, et dans un langage qui semblait abatlre les obstacles à coup de hache, ses idées politiques. Il nous révéla que la Révolution russe (') avait été et serait, plus d’un siècle après, une réplique cent mille fois agrandie de la Révolution française, petit événement politique à l’échelle de l’Occident, que de la Révolution russe étaient déjà sorties la Révolution turque et la Révolution chinoise, et que l’Orient tout entier devait être régénéré à travers des convulsions immenses, sanglantes et joyeuses. Les pauvres Occidentaux que nous étions, gens de civilisation décrépite et d’esprit périmé, se sentaient un peu accablés et comme courbaturés par cette sorte de tolstoïsme nationaliste et féroce. Quand notre homme fut parti pour Scutari, emportant d’énormes quantités de livres en toutes les langues, qu’il lisait parfaitement bien, l’un d’entre nous rappela le mot de J. de Maistre : « Si l’on mettait un désir slave sous une forteresse, il la ferait sauter. » Et il ajouta : « Il est des imaginations slaves qui feraient sauter deux continents. » Ne croyez pas cependant que le panslavisme tout entier ne soit que délire. Des idées, des tentatives (i) 11 s’agit, bien entendu, dans ces pages écrites en iyi3, de la révolution russe de 1905. SUCCESSION d’aUTMICHE %