178 DE LA SUCCESSION d’aüTRICHE sanglantes, puis les longues rancunes qui ont rebondi à travers les siècles jusqu’à nos jours. Ce qu’on nous présenta jadis, dans les histoires jésuites, comme une ennuyeuse dispute théologique, « querelle de moines » un siècle avant la grande, c’est au vrai une des premières guerres engendrées par la politique des nationalités ; c’est aujourd’hui encore une arme puissante aux mains des ennemis de l’Allemagne. N’en doutez pas, je vous prie : il faut mettre le hussitisme au rang des questions d’actualité. Hors du Walhalla, dans la galerie des héros antiteutoniques, se dresse la statue de Jean Huss dont l’esprit continue de combattre l’ennemi germanique. A ce titre, rien ne manque à sa gloire, et non pas même d’avoir été la victime d’un de ces traits de brutale fourberie, où les Allemands excellent. Nul 11’aurait pu atteindre le prédicateur national au milieu de son peuple ; s’il consentit à se rendre de Prague au Concile, c’est qu’il était en possession d’un chiffon de parchemin, qui portait la signature illusoire de l’empereur d’Allemagne, Sigismond, garant de la vie et du retour de l’apôtre. Il fut brûlé, nonobstant. Et dans les éléments qui ont soulevé la tempête de la fureur tchèque, il semble que l’horreur de la mauvaise foi tudesque ait eu la part principale, plus que l’hérésie, plus que.le sentiment de l’oppression ou la menace d’hégémonie. C’est ainsi qu’au début du quinzième siècle, cinq cents ans avant la violation de la neutralité belge, une trahison germanique donna à un peuple déjà formé et déjà glorieux sa force, sa direction nationale et un cœur d’airain.