l’illyrie 3i luttes politiques de la Croatie contre le Hongrois, brillant oppresseur qui avait dit à la Diète d’Agram qu’il lui tendait une page blanche pour que les Croates y inscrivissent à leur choix leur propre constitution, et qui depuis quarante années nomme des bans ou lieutenants du Roi qui gouvernent seuls, étouffant ou parodiant l’autonomie croate. Cette dernière période de l’histoire des Slaves du Sud est dominée par la grande figure de Msr Stross-mayer, mort en igo5 (’). Evêque magnifique d’une bourgade, prélat indocile à Vienne, indocile à Rome, il est, durant cinquante années, la gloire et l’âme de la patrie croate. Il est chef national, d’abord par son action politique à la Diète d’Agram et au Reichsrath de Vienne ; il l’est encore par s a seule autorité morale quand la politique s’éloigne de lui et quand les nouveaux partis — parti du droit d’Antoine Starcevic — triomphent contre lui. Avouerai-je que, même après l’article de son biographe pourtant informé et pénétrant, je reste incertain sur le rôle politique et surtout religieux de l’évêque de Djakovo. Sa figure ne rayonne pour moi qu’à travers un voile. Peut-être celui qui étudierait l’histoire religieuse récente de la Croatie aurait-il la fortune de découvrir ou d’apercevoir une tradition. Strossmayer, évêque de Bosnie et vicaire apostolique de Serbie, qvii donnait à son église cathédrale de Djakovo la forme d’une croix grecque, qui se refusait à l’infaillibilité pontificale, qui réclamait en vain pour son église une liturgie slave, (i) Sur Strossmayer, cf. l’article de M. Gh. Lomeau dans le Correspondant du 25 avril igo5.