LES AFFAIRES DE POLOGNE 67 toutes les peines du monde à les arracher à la colère des chrétiens : ces israélites ignoraient que la Constitution leur avait donné tous les droits, mais non pas celui de traverser la place. Il en est ainsi de bien des révolutions orientales. LaRévolulion russe fut à la fois, comme il arrive, libérale et nationaliste ('). Leur griefs anciens contre les gouvernements, les Polonais les ont en partie transportés contre le peuple russe, « quand il devint clair qu’ils n’avaient rien à attendre de la nation russe elle-même » (3). La vie politique russe, depuis sa naissance constitutionnelle, n’a été qu’un long effort contre toutes les forces qui avaient éclaté lors de la Révolution, et où les « vrais Russes » ont aperçu des menaces de désorganisation, peut-être de dissociation nationale. Ce fut donc, à travers les quatre Doumas, au sens propre et non pas péjoratif du mot, un nationalisme croissant. Les Polonais en souffrent naturellement, et surtout de l’ukase du 16 juin 1907, qui réduit le nombre des députés de trente-six à douze. C’est le régime électoral actuel. La ville de Varsovie, par exemple, comprend deux collèges; les 800.000 Polonais et israélites enfermés dans le premier nomment un député; les 20.000 Russes orthodoxes de l’autre collège ont droit aussi à un (1) Il s’agit, bien entendu, de la Révolution russe de igo5. (2) E. Starczweski, L'Europe et La Pologne, page i58. Le livre de M. Starczweski, souvent aberrant à mes yeux dans ses considérations sur l’Europe et parfois cruel et injuste pour nous, me semble parfois aussi très clairvoyant, surtout dans ses études historiques et économiques sur la Poïogne. On peut admettre que cet ouvrage récent et celui un peu plus ancien de M. Dmowski, représentent assez bien les deux tendances divergentes des esprits polonais.