LES AFFAIRES DE POLOGNE 83 mis en pièces par les électeurs à la Diète (juin igi3). Le nouveau statthalter, M. Korytowski, Polonais fort habile, ancien ministre des Finances de la Monarchie, et qui a appris à cette école la science des virements utiles et des habiletés transactionnelles, reprend sans découragement cette œuvre arduê. Mais parler de la question ruthène réduite aux frontières de la Galicie et de l’Autriche, c’est, au gré de certaines rêveries slaves, chose mesquine et démodée. Il n’y a plus de peuple ruthène, car, en se réveillant, ce peuple s’est débaptisé, mais il y a, de la Galicie à la Mer Noire, autour de Kiew, et bien au delà, une immense nationalité « ukrainienne », 20 millions d’hommes qui poseront quelque jour, dans la Russie unifiée par Moscou, la question d’Ukraine. G’est un peuple qui aurait sa langue, sa littérature, son histoire, ses chants — les chants d’Ukraine sont parmi les plus riches — et surtout ses caractères politiques, démocrates et socialistes, qui répugneraient à l’absolutisme, coutume asiatique venue à Moscou par l’imitation des Tartares. Mais nous sommes ici dans l’aube la plus pâle et la plus nébuleuse du slavisme futur. Rien ne menace aujourd’hui l’unité politique et religieuse — les Ukrainiens sont tous orthodoxes — de l’Empire russe. Seule, l’Autriche pourrait tenter d’opposer au Gouvernement de Pétersbourg des difficultés dans le midi de l’Empire, à la faveur de ces futures querelles. L’empereur François-Joseph a promis à ses fidèles sujets ruthènes — qui s’appellent eux-mêmes, pour marquer du trait le plus fort leur fidélité aux Habsbourg, les « Tyroliens