LE PRÉTENDANT - MITTELEUROPA I 37 Bethmann n’était pas homme à diriger cette conversion. Il semble bien que son premier mouvement — le moins mauvais, celui dont il devait se défier — le portât vers le libéralisme et vers la gauche. On le constate aussi bien dans l’affaire de Saverne que dans la dernière affaire, celle qui lui a coûté son fauteuil et qui ressemble si exactement à celle de Saverne. Mais aussitôt arrivait le militaire, depuis dix ans toujours flanqué du Kron-prinz, qui faisait sonner ses éperons et siffler sa cravache; et Bethmann aussitôt rectifiait la position. Ainsi vont les choses en Prusse. Et même dans ses sentiments intimes, l’ancien chancelier ne suivait guère sa propre inspiration. Même dans son premier mouvement il était satellite et son esprit n’était que reflet. Il suivait son maître impérial, qui se courba toujours sous les volontés des militaires et, dans les dernières années, abdiqua dix fois devant son fils, prince des hobereaux. En dépit de cette volonté infirme, Bethmann fut toujours soutenu par les amis de Naumann, Freisinmge et socialistes majoritaires, les Mittel-européens de naguère devenus par un simple changement d’étiquette les antiannexionistes d’aujourd’hui. C’est pourquoi l’on peut dire que le pangermanisme continental et modéré — car il y a un pangermanisme modéré ! — était au gouvernement avec l’ancien chancelier. Le temps où ce chancelier fut en charge fut rempli de la lutte des Mitteleuropéens prudents et des annexionistes féroces. Le temps de carême où gémit la Germanie la dispose aux querelles, et les luttes de personnes ne sont pas le „privilège, tout