136 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE villes hanséatiques et industrielles pour expliquer à ces messieurs de la Hanse que la politique continentale et le Mitteleuropa n’étaient pas exclusifs de la politique navale et que les colonies seraient toujours nécessaires à l’Allemagne. Le Gouvernement essayait par de telles précautions de parer à la conspiration permanente des amis de Tirpitz. Berlin, qui avait alors, comme bien des indices semblent le montrer, des préférences pour les projets de semi-annexionisme oriental et méridional, sentait bien que là est la grosse difficulté. C’est, en pleine guerre, un double changement de front, industriel et politique, moins aisé assurément que ces conversions militaires Rapides qui faisaient l’orgueil de l’Allemagne lorsque au début de la guerre on faisait rouler de l’ouest à l’est, et réciproquement, des effectifs alors suffisants. On a enivré l’opinion de la haine contre l’Angleterre ét il fallait donc la détourner vers les espérances orientales : le vieux Bon Dieu si souvent invoqué était sourd d’une oreille ou impuissant à « punir ». On a enivré durant vingt-cinq années les riches et les audacieux par les promesses et les attraits de la politique navale et mondiale : ce beau rêve finit par une brusque faillite, à compensations continentales. Mais quand on est alourdi par ses capitaux, empêtré dans de vastes entreprises, il n’est pas si commode qu’il plairait à Berlin de se transporter ainsi de l’Amérique du Sud ou de l’Afrique Centrale aux bords ou aux bouches du Danube, et même, comme on commence à y songer, sur la Dvina ou le Donetz.