226 DE LA. SUCCESSION d’aUTRICHE tournée contre l'Allemagne. Parmi les membres mêmes du Conseil d’État, ceux qui comme Pilsudzki ne songeaient qu’à former pour la fin de la guerre une force polonaise qui pût soutenir les volontés nationales, ont repris leur liberté, et, pour retenir Pilsudzki, général des légions et chef de l’armée polonaise sous le Gouvernement allemand, on n’a pu trouver d’autre moyen que de l’emprisonner. Les événements s’entraînent les uns les autres et se précipitent. Les Polonais de Galicie déclarent au Reichsrath de Vienne, le 3o mai 1917, qu’ils n’ont plus d’autre objet politique que la réunion de leur province à l’ütat polonais. Les timides réserves des vieux Galiciens, les Tarnowski et les Jaworski, sont bousculées aux réunions de Cracovie par les mouvements populaires qui acclament l’unité polonaise. Bæseler lui-même prononce le 4 septembre un discours découragé, dissout son Conseil d’État, essaie un Conseil de Régence dont il ne peut réunir les trois membres ; l’Allemagne renonce à sa propre suzeraineté en Pologne et songe à repasser la main à son substitut, l’Autriche. On pourrait bien revenir à l’idée de placer la couronne de Pologne sur la tête de l’empereur d’Autriche : l’interminable François-Joseph n’a pas assez vécu. Telle est la déroute du premier essai germanique du Mitteleuropa. Le ier septembre 1917, en tête d’un article bien significatif du prince Lichnowsky, le Berliner Tageblcilt posait ainsi la question : Un État polonais indépendant est en tout cas inévitable. Vaut-il mieux pour nous qu’il soit dans la sphère d’influence de l’Allemagne, ou qu’il soit rattaché à la Russie ?