12 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE alliance balkanique qui nous parut brillante des plus riches espérances, j’ai essayé de dire (*) quelles discordes, nées de quelles rancunes, de quelles convoitises, la menaçaient, quelles nécessités aussi, quelle prudence la devaient maintenir. Aujourd’hui, au seuil à peine de la paix, alors que nous nous demandons dans une angoisse haletante si l’incident quotidien des armées orientales ne va pas les jeter au hasard l’une contre l’autre dans une guerre « fratricide », selon le mot de M. Pichon (2), lorsque les Grecs agiles courent de jour en jour de l’alliance serbe à l’entente bulgare, n’est-il pas clair que dans la paix seulement, dans une paix assez longue, les souvenirs d’amitié, peut-être plus sûrement le sens des intérêts, pourront fixer la direction des forces balkaniques? Cette puissance du sud de l’Europe, tournée contre le germanisme, c’est une figure à peine formée, aux traits indistincts, dont nous avions un peu vite arraché le voile. Si nous avons accueilli et rapproché de nous cette espérance, les Allemands en ont comme la crainte. Le chancelier, dans ce même discours, a bien raillé la transformation par notre « tempérament vif » des batailles balkaniques en victoires des instructeurs français sur les instructeurs allemands, mais il n’a pas dissimulé l’appréhension que cause aux Allemands la croissance du prestige slave. « Si jamais, dit M. de Bethmann-Hollweg, il (i) Voir l’article de la Revue Bleue du 29 février 1913 : « Hypothèses balkaniques. » (a) L’attaque de la Bulgarie contre l’armée serbe ne s'était pas encore produite lorsque ces lignes ont été écrites.