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un grand échange de saints : saint Sava, qui fut roi, est le grand patron de toute la Yougoslavie, et son culte est en vain persécuté en Autriche. On nous dit qu’en terre slovène, à l’extrême ouest du territoire, « le culte des saints Cyrille et Méthode, les apôtres de Salonique, est plus développé que nulle part ailleurs » (').
  Je ne sais si la figure de M®r Strossmayer est appréciée dans l’Eglise romaine, mais je sais bien que sa figure politique ne cesse de grandir. J’appelle grand, en un temps de marche rapide des idées, l’homme dont la clairvoyance avance d’une génération. Il n’est pas de jour qui ne nous révèle l’étendue et l’acuité d’esprit de l’illustre évêque de Djakovo. Nul n’a mieux tenté de prévenir et de préserver l’Eglise catholique des dangers prochains. L’auteur du télégramme à l’occasion de la fête de saint Wladimir pressentait la rivalité renaissante du catholicisme et de l’orthodoxie, le fondateur de l’Académie de Zagreb prévoyait la force des sentiments nationaux, le prédicateur désabusé des carêmes de la cour de Vienne savait bien les dangers de l’intimité de la Curie romaine avec les Habsbourg. Et je ne parle pas de son rôle au Concile du Vatican, qui est de l’ordre mystique et qui m’échappe. Mais enfin ce grand patriote a porté, a fait rayonner un esprit de conciliation nationale dans toute la religion et jusque dans la liturgie.
  Cet esprit n’est pas mort avec lui, et je connais
  (i) Manifeste de la Jeunesse yougoslave. Paris, Pion, 1916, p. 43. Cf. dans le même sens la déclaration des prêtres yougoslaves des Etats-Unis de toutes confessions dans le Bulletin yougoslave du i5 octobre 1 15.