126 DE LA SUCCESSION d’aUTRICIIE « mondiale » leur idées, leurs doctrines, leurs intérêts ou leur appétits. Ils avaient à leur service toutes les plumes des universités d’Allemagne et tous les cartographes de Leipzig. Les petits-fils de Pan-gloss, devenus arrogants et voraces, démontraient à l’envi que le germanisme était la fin dernière du monde et que la race allemande était prédestinée à la domination universelle pour le bonheur éternel de l’humanité asservie. Le plus réjouissant d’entre eux, Karl Lamprecht, est mort pendant la guerre, léguant au monde cette formule et ce programme de pures félicités : la « germanisation tellurique ». De la chaudière surchauffée où bouillonnait l’orgueil allemand, les fusées des vapeurs pangerma-nistes s’échappaient de toutes parts. Dans ce tumultueux désordre de vaticinations, de prophéties et aussi de programmes étudiés, nourris d’informations, de combinaisons politiques soigneusement ajustées, on peut retrouver l’origine de tous les projets et même de toute la politique allemande des deux dernières années. Car la guerre n’a pas tari le flot innombrable des brochures et des traités; elle"l’a enflé, comme elle a porté jusqu’à la frénésie toutes les passions nationales. Les thèses ont subsisté nombreuses, diverses, contraires. Dans cet Empire administratif où les partis se rangent avec respect et se comptent derrière les chefs de service, chaque direction a sa doctrine et chaque bureau son projet. Si vous voyez Tirpitz lutter contre Bethmann-Hollweg et l’abattre, n’en doutez pas : ce sont deux pangermanismes qui se dévorent.