204 DE LA SUCCESSION D AUTRICHE lointaine et qui ne touche point ses intérêts directs. Pardonnez-moi; mais cela vous touche dans votre passion première et vos intérêts immédiats, mais non pas par le côté que vous croyez. Pour moi, me voici prêt à renier mes sentiments polonophiles, qui sont vifs, si l’on m’accorde que la question polonaise est sans doute la première de l’Europe pour l’importance politique, et je consens que l’amour de la Pologne soit moins populaire parmi nous si la connaissance de la question polonaise doit l’être davantage. * * * La question polonaise est une question prussienne. C’est la première des questions de la politique prussienne. C’est la question même de la vie de la Prusse. Tel est le premier principe que l’on découvre en passant du romantisme au réalisme, de l’ordre du sentiment à l’ordre de la politique, qui ne se confondent pas toujours ni partout. Si vous ne voulez pas m’en croire, en croirez-vous les Prussiens eux-mêmes ? Ils n’ont jamais bronché sur cette vertu cardinale de l’antipolonisme. Tous les grands Prussiens, du prince de Bismarck au prince de Bülow, ont considéré que la vie de la Pologne était la mort de la Prusse et réciproquement; tous ont poursuivi l’œuvre de germanisation de la Posnanie par les lois et les crédits de colonisation et d’expropriation qui faisaient déjà l’horreur du monde avant que la Prusse n’eût donné au monde de bien autres sujets d’horreur. Le miracle, c’est que l’Etat prussien ayant entrepris