LES « MUETS » AUTRICHIENS miers, les inconscients, étaient à la Cour : les autres attendaient dans de superbes châteaux de Bohême ou de Moravie les catastrophes qu’ils auraient la satisfaction toujours vive d’avoir prévues. Quelques faibles et rares indices donnaient à penser que la cour d’Autriche, sous François-Joseph, commençait à reconnaître quelques vérités premières qui étaient apparues dès le commencement de la guerre à la plupart de nos poilus. A force de durer, l’évidence finit par éclater aux yeux mêmes des aveugles. Cette vérité si claire que l’Autriche s’est engagée, la première, dans une guerre qu’elle a provoquée, l’innocente ! et qui ne peut avoir pour elle que deux issues : malheureuse si elle est détruite par l’Entente, heureuse si elle est dévorée par la Prusse, est-elle apparue aux derniers regards du vieil Empereur? Voilà qui est bien téméraire et bien prompt, et je n’en jurerais pas. L’acte de François-Joseph, refusant le 18 août 1916 de signer le règlement préparé et annoncé des affaires polonaises, et par lequel la Prusse lui dérobait la couronne de Pologne, qu’il désirait, était-il un premier signe de résurrection (*) ? Faut-il croire encore que l’archiduchesse Marie-Valérie, princesse fort active, jadis grande ennemie des victimes de Sarajevo et dans l’entourage de qui se nouèrent à la veille de la guerre tant d’intrigues en faveur du général von Hœtzendorff, s’apercevait, elle aussi, que la première affaire était de sauver d’abord l’héritage des Habsbourg ? (1) Cf. l’article de la Renaissance du 16 septembre 1916 : Ce que nous avons failli apprendre le iS août.