LES AFFAIRES DE POLOGNE 53 il est des fautes de Casimir Jagellon ou de Jean Sobieski qui reparaissent aujourd’hui comme des taches morbides sur le corps démembré de la Pologne. Et pourtant, une grande révolution s’est faite récemment en Pologne, et, si l’on en croyait les Polonais, il semblerait qu’elle se soit faite, en quelque manière, contre le caractère national, contre le romantisme ('). L’un des peuples les plus fervents du monde dans sa piété à ses souvenirs historiques dénonce lui-même ses défauts et s’efforce de les repousser. 11 n’est guère de conversation avec un Polonais qui ne commence par une déclaration de positivisme politique : la Pologne abdique son romantisme. Tous entendent par là qu’ils ont renoncé à poursuivre des chimères. 11 n’est plus question de restauration de la couronne de Pologne, de restitution de l’Élat polonais. Ne leur demandez pas, au surplus, de trop préciser; craignez de déchirer au fond de leur âme de belles espérances. Si, dans quelque changement profond de l’Europe..., mais ce sont là de ces choses dont il convient de ne jamais parler. Au fond de la pensée de tous les peuples dont la patrie n’est pas intacte flottera toujours une ombre de messianisme. Mais dans la politique actuelle, future, lointaine, ces Polonais des trois Etats restent loyalistes, quelque dure que soit leur condition : ils veulent la rendre meilleure par les moyens de la loi à laquelle (i) R. Dmowski, La Question polonaise. Traduction de Gasztowt, paijes aGo et suiv. Paris, 1909.