CHAPITRE III L’ILLYRIE A Venise, passé la Piazetta et le Palais, s’étend la Riva degli Schiavoni, quai et quartier des Esclavons, qui enferme l’église San Giorgio degli Schiavoni : c’est là que Vittore Carpaccio, le peintre délicieux des légendes familières, peignit pour la confrérie des marins d’Illyrie ses tableaux de coloris vénitien, éclatant et doux, parés de la richesse égale de son imagination et de son pinceau, les légendes de saint Georges à la chevelure serrée et bouclée et du saint Triphon, vainqueur de la tarasque albanaise. Ce quartier et ce « reliquaire des Slaves » (*) nous rappellent que derrière les comptoirs de Venise commençait le pays des « Esclavons », Slaves d’Illyrie. L’activité et les conquêtes vénitiennes ont couvert la rive adriatique, à Trieste, à Fiume et jusqu’aux bouches de Cattaro, d’une frange d'italianità derrière laquelle s’étendent les Slaves du Sud qui coupent ainsi de l’Adriatique les Allemands et les Hongrois. Ces pays, qui donnèrent au monde des maîtres illustres, les empereurs illyriens, Probus, Aurélien, (i) The Shrine of the Slaves (Ruskin).