LES AFFAIRES DE POLOGNE 85 la Tatra, et de leur persuader que la guerre allait éclater, qui délivrerait les frères enchaînés sous le joug russe. L’État-major de Vienne, puissance distincte, qui eut presque toujours sa politique propre, encourageait ces belliqueuses inspirations, repoussées par presque tous les partis polonais de Galicie. Ai-je bien entendu certaines demi-confi-dences? Je crois que des hommes considérables du royaume de Pologne sont alors venus en Galicie et ont engagé leurs amis de la Double Monarchie à se tenir éloignés de tout esprit agressif. Ils pensaient que si l’Autriche rouvrait contre la Russie la question polonaise, ce ne serait pas à son prolit : d’autres ne le permettraient pas. Chose singulière si l’on s’y arrête un instant : des trois Polognes, l’une est heureuse sous la loi favorable du Habsbourg. Qui ne penserait qu’elle sera, celle-là, un centre d’attraction pour les deux autres qui désireront s’unir à son sort? Or, nul n’y songe en Pologne. Car l’Autriche est faible, divisée; elle a déjà trop de Slaves; une Autriche germanique n’aurait pas la puissance de conserver une conquête polonaise ; elle n’y verrait d’ailleurs que des causes de troubles intérieurs. Même si le hussard austro-hongrois entrait à Varsovie, ce serait le uhlan qui y resterait; et les Polonais du Royaume les plus russophobes même aujourd’hui n’auraient d’autres bénéfices sous la nouvelle oppression hakatiste que de passer à la prussophobie. Et peut-être certains Russes, peu nombreux à la vérité, las de la résistance polonaise, verraient-ils, sans grand deuil national, s’éloigner ce peuple d’une autre culture, d’une autre formation, et ne ressentiraient-ils pas