34 DE la succession d’autriche l’autre. Les Magyars surtout, juristes et batailleurs, capables de soutenir une argumentation latine avec une incroyable ténacité, mettent une subtilité merveilleuse, une susceptibilité agressive à trouver sans cesse des motifs def querelles avec les Allemands d’Autriche. Laisser échapper une occasion de chercher une chicane au Gouvernement de Vienne serait en Hongrie un désastre de la patrie et un déshonneur national. Mais s’agit-il de questions extérieures? Le ménage plein de tumulte retrouve aussitôt I’amour-propre et l’intérêt communs. Tripliciens à l’envi, Allemands et Magyars ont pour le Russe, qui a secouru les uns et écrasé les autres, les mêmes sentiments de rivalité. Rien de plus naturel d’ailleurs ni de mieux combiné. C’est la Hongrie qui a fait la Triple Alliance, imaginée et proposée par Andrassy. Elle y trouvait le même avantage que l’Italie : comme elle, elle couvrait les grands avantages qu’elle venait de conquérir de la garantie qui semblait alors la plus puissante en Europe. De même que l’Italie assurait par là son unité récente, la Hongrie assurait son compromis de 1867 ; elles faisaient toutes deux entrer dans l’affaire l’Autriche, la seule puissance qui pût regretter les avantages récemment arrachés. La Hongrie, nation de 6 à 7 millions d’habitants, entrait ainsi, pour sa part, au conseil des grandes puissances. Quelle aubaine! Mais aussi, lorsque, au Congrès de Berlin, Bismarck fixait à chacun sa place et son rôle, il engageait l’Autriche dans le Drang nach Osten, c’est-à-dire dans la politique traditionnelle de la Hongrie, vers le protectorat dès Serbes. On s’entend donc très bien entre