2.3o DE LA SUCCESSION d’aUTRICIIE régime serbe était tenu pour l’un des cas les plus tristes de la pathologie politique du monde. La chancellerie de Vienne et les barons magyars, habiles et tenaces compères, entretenaient avec soin le virus de la corruption qu’ils faisaient couler dans le sang national et qui atteignait la Cour et le Parlement. Vint le règne de Pierre Ier Karageorge-vitch, qui a donné à sa patrie plus de douleur à la fois et plus de gloire que n’en peut contenir une tragédie sortie d’un cerveau humain. Or, c’est de douleurs et de gloires que sera nourrie toujours l’histoire d’un peuple, tant que les hommes resteront sensibles à la grandeur de l’imagination. Derrière la grille de cette petite villa écartée de Salonique, que d’épopée, que de lyrisme rayonnent autour de la ligure de ce roi perclus, attendant aux portes du royaume que ses ancêtres, il y a un siècle, arrachèrent au Turc ! La politique de Milovanovitch et l’alliance balkanique, Kumanovo et la ténacité du voïvode Putnik à la Bregalnitza doublent le territoire de la Serbie. L’Autriche étouffe de dépit; c’est pour séparer à jamais de leurs frères serbes ses Croates, ses Dal-mates et ses Slovènes frémissants qu’elle déchaîne cette guerre devenue la guerre de l’humanité; et c’est cette guerre qui a fait entrer l’idée de la fraternité yougoslave dans la conscience universelle, et bientôt dans la réalité politique. D’abord le petit peuple résiste au grand Empire, puis il plie sous le nombre, et tout paraît perdu. Mais aussitôt l’ombre de Marko Kralievitcli semble marcher en tête des troupes serbes; le vieux Roi paraît, le fusil de Kara-george à la main. Les Impériaux battus fuient en