LA CONFÉDÉRATION D’iLLYRIE 251 dans la politique magyare. Peut-être l’expression de ses sentiments en subit-elle quelque embarras. Je sais bien à quoi m’en tenir sur les éloges dont Tisza a, à plusieurs reprises, accablé le loyalisme croate, et sur les votes constants, depuis la guerre, des quarante députés croates délégués au Parlement de Pesth. Mais même après l’analyse la plus patiente, après la plus bienveillante discrimination, les discussions du Parlement magyar sur les choses croates nous laissent un sentiment de confusion. Tisza a été poursuivi, trois années durant, par une opposition dont la fureur ne pouvait être exprimée que par la langue magyare, la plus riche du monde en injures, disent les philologues. Cette opposition, aujourd’hui victorieuse, n’a cessé de reprocher aux députés croates de trahir la Hongrie, ce qui va fort bien, et à Tisza de les « couvrir » ('). Je souhaiterais bien vivement que la première accusation fût véritable. Pour Tisza, je vois bien les raisons de son affectation de tendresse pour les députés croates : elles montrent combien il est supérieur en fourberie à ses adversaires. Il est avec Forgach et Tchirsky l’un des trois auteurs de la guerre. Sa conduite à l’égard des Croates est pour moi une des preuves les plus solides de sa préméditation. Il voulait la guerre, et il ne voulait pas de conflit de nationalités chez lui. 11 a donc voulu avant et pendant la guerre gouverner avec la majorité croate. Et cette majorité se trouve donc dans ce cas difficile de représenter un peuple qui demande sans aucun (i) Interpellation Rakovsky. a6 janvier 1916; interpellation Szmirc-sany, 21 mars 1917. Comptes rendus dans le Bulletin yougoslave.