48 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE elle-même en ce pays ruthène un foyer de jacquerie toujours menaçante, et, d’autre part, ces magnats trop puissants, chefs d’armées de 10.000 hommes, se taillent des clientèles dans la petite noblesse et organisent, si l’on peut dire, l’anarchie en factions qui déchirent la République. Mais en droit, tous ces nobles sont égaux, ayant droit dans les diètes au même tapage, à la même obstruction, au même liberum veto. Durant trois siècles, car ce veto n’est pas si ancien, la noblesse polonaise, scintillante et gaie, s’agite et vit dans la lumière de cette liberté dorée, dénoncée jadis par le grand prédicateur jésuite Skarga. C’était, cette liberté, leur orgueil et leur souverain bien, dont ils croyaient, les insensés! pouvoir jouir sans craindre les jaloux. Car le trait le plus caractéristique de cette szlachta, c’est peut-être cette vertu pleine de grâces et de périls : l’insouciance. Cette République qui semblait n’avoir pas d’autre souci au monde que de surveiller son roi, qui vivait sous un régime économique d’une pleine absurdité, n’avait pas d’ambassadeurs près des cours étrangères. On pensait couramment au dix-huitième siècle en Pologne que, ne menaçant personne, la République ne pouvait être menacée, que, renonçant expressément aux conquêtes, elle ne pouvait être conquise, et qu’un peuple résolu à n’inquiéter point ses voisins peut vivre sans trouble, s’il ne prétend à rien qu’à rester libre en ses frontières. On le lui fit bien voir.