36 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE ou d’entente avec les Hongrois. Depuis la crise de 1906 sur la question de l’emploi de la langue magyare sur ses chemins de fer, la Croatie a vu les bans (gouverneurs) succéder aux bans, les diètes succéder aux diètes, sans connaître de régime politique régulier et stable. Dans ce pays où le vote est oral et public, où chacun, par conséquent, doit confier au délégué du Gouvernement et à toute l’assistance le nom du candidat pour qui il vote, on n’a pu trouver de Chambre introuvable : les bans ont dû les dissoudre l’une après l’autre. Contre cette usurpation du régime politique en Croatie, toutes les assemblées politiques slaves de la Monarchie ont protesté, et jusqu’au Reichsrath, où cette protestation fut une des premières occasions d’union de tous les Slaves dans un même vote. Ce fut un beau tapage à Pesth, où on réclama les excuses et le désaveu du Gouvernement autrichien : mais les Slaves avaient parlé. Les Hongrois avaient d’ailleurs jusqu’ici un moyen de gouvernement en Croatie qui maintenant leur manque, c’est l’opposition des Serbes et des Croates, frères naguère ennemis. La déchirure du schisme religieux en effet a passé jadis entre les Serbes et les Croates, les uns sont orthodoxes, les autres catholiques : c’est même leur seule séparation. Lors du procès d’Agram, bizarre, obscure et cruelle conspiration policière, avec faux et autres procédés techniques, où furent poursuivis des Serbes de Croatie pour complot « pan-serbe », on comptait encore sur l’indifférence des Croates. Or, fait nouveau et grave, Serbes et Croates, en Bosnie, dans le royaume triunitaire,