LE ROYAUME DU CALICE I g5 L’Allemand, toujours pauvre d’habileté, mais toujours riche d’informations politiques, se demande à cette heure si, pour subjuguer un tel voisin, il ne faut pas faire dévier un peu sa méthode. Attention! Le Tchèque n’a subi jusqu’ici que la brutalité du Germain, il va maintenant éprouver sa cautèle. Voici le prophète en personne : Nau-mann, critiquant, en sa revue Hilfe, le livre du grand slavophile anglais, R. W. Seton-Watson, et son chapitre sur le « Rempart » de Bohême, conclut : « Les Tchèques ont passé par toutes les phases de notre civilisation, et Paris a été pour eux, comme très souvent aussi pour nous, l’arbitre suprême pour tout ce qui concerne la forme de la pensée... Leurs forces productrices ont donné naissance, à côté des imitations, à des œuvres originales et caractéristiques. » Naumànn n’est pas le seul — un Allemand n’est jamais seul — et son compère hongrois est presque aussi important que lui-même. Parallèlement à l’article de Naumann, le premier des sociologues magyars, Oszkar Jaszi, publiait dans la revue Hmsadik Szazad un article sur les Tchèques. Que de fleurs! Il n’est plus question de « concourir à la hausse du cours antitchèque », ni de crier, comme on l’a tant fait, Bohemiani esse delendam. Aux deux chefs de chœur chantant les louanges des Tchèques la presse allemande, à Vienne, à Prague, avait d’abord fait écho, avant la séance du Reichsrath du 3o mai 1917, qui a tout gâté. Quel dommage qu’il soit si tard, et que les Boches aient mis douze siècles peut-être avant de découvrir la valeur des Tchèques comme nation « progressiste » ! Et la conclu-