LE ROYAUME DU CALICE l'extermination complète de tous les hommes. Après quoi, solennellement encore, on rendit l’honneur au régiment qui, suivant une nouvelle proclamation, aurait voulu racheter sur les Italiens l’offense faite sur le front russe. Ainsi les Tchèques étaient châtiés et l’on faisait entendre du même coup aux Italiens que contre eux les gens de Prague se battaient avec goût et avec courage. Cette cruelle perfidie, si autrichienne, est un des rares traits qui depuis le commencement de la guerre nous feraient penser que l’Autriche n’est pas morte. Ce régiment n’est pas le seul qui soit passé en Russie ou en Serbie. D’autres encore, le 11e de ligue (Pisek), le 102e, dont la musique entra à Nisch, alors capitale du roi Pierre, en jouant l’hymne national serbe, le 35e (Plzen) ont fui les drapeaux autrichiens ; le 8e de landwehr (Prague) et quelques autres se sont mutinés et ont été décimés. Nous savons par la presse roumaine (') que, durant l’offensive de Broussilov, trois régiments tchèques et un bataillon slovaque se sont rendus. Et sur le sentiment de sécurité avec lequel le Gouvernement de la Double Monarchie se repose sur ses troupes tchèques, nous avons le témoignage, de Tisza lui-même et du prince Windischgraetz à la Chambre des Députés de Pesth. Ils ont expliqué avec aigreur le double avantage que l’empire des Habsbourg tire de ses possessions bohémiennes. Car, pour surveiller les Tchèques, il faut consigner les Hongrois dans les casernes tchèques et il vaut mieux conserver les Tchèques dans les casernes hongroises (1) Cf. La Nation tchèque, du i8r août 1916, page 109.