LE « DE CUJUS » io5 par exemple, on ait omis le Dr Friedjung, qui appliqua toute sa méthode et toute sa science à soutenir des faux utiles pour faire condamner des personnes nuisibles à la politique de son pays : il a droit à un buste dans cette galerie. Enfin, dans le drame de Sarajevo lui-même, que d’indices troublants, que de traits qui tiennent l’esprit en arrêt, qui nous laissent haletants à la recherche d’une vérité redoutable et complexe ! Il faudra écrire toute cette histoire. Quelque juge suivra les traces de la police autrichienne dans ces affaires où nous reconnaissons seulement une trame commune, où nous voyons passer dans l’ombre les mêmes figures basses et louches des policiers Nas-tich, Yasitch, peut-être Gabrinovitch, et la figure audacieuse et fourbe du comte Forgach, jadis ministre d’Autriche à Belgrade, aujourd’hui au Ball-platz; où la police impériale et royale elle-même s’est peut-être plusieurs fois égarée, perdant la trace de ses propres agents. On reconnaîtra alors le rôle de cette police autrichienne, voisine de la Cour et familière des grands, toujours prête à fournir un complot pour un projet politique, second discret et voilé du militarisme prussien. Abattre le militarisme prussien : formule incomplète si nous voulons dire que l’Europe entend vivre en paix. A l’esprit séculaire de rapine de la monarchie prussienne, enrichie de trois siècles de vols qu’on ne peut appeler conquêtes à cause de leur cynique brutalité, c’est le vieil esprit policier de l’Autriche de Collo-redo et de Metternich qui fournit l’occasion et le prétexte. Cette police qui servait en temps de paix à entre-