LES AFFAIRES DE POLOGNE 47 le Royaume, c’est-à-dire en Pologne russe, sont les descendants toujours méthodiques de ceux qui commencèrent à affluer vers le treizième siècle dans ce pays qui se privait lui-même de tout commerce. Presque à l’embouchure de la Vistule, Dantzig (Gdansk) fut, au Moyen Age, l’une des plus puissantes, sinon la première des villes han-séatiques et c’est par là qu’arriva le trafic allemand. Ce fut le principal des modes de l’immigration germanique en cette terre slave, terre promise, par conséquent, à ce peuple allemand qui a toujours préféré, qui préfère encore aujourd’hui coloniser chez ses voisins, par voie de terre, qu’au delà des mers. La noblesse, donc, la szlachta, est souveraine, hors l’Eglise, dans l’immense plaine et dans la République. Mais c’est une noblesse démesurée, une plèbe, ^expression polonaise dit même une « racaille » nobiliaire. A la fin du dix-huitième siècle, la France compte environ i25.ooo nobles, la Pologne 800.000 pour une population deux fois moindre. De Lithuanie, le grand-duché uni au Royaume, viendront, il est vrai, quelques magnats; quelques familles polonaises, il est vrai encore, se tailleront d’immenses domaines dans les conquêtes de la République, et ce sera la manière polonaise de coloniser, la constitution de grands fiefs non pas à l’ouest, hélas ! mais à l’est chez les Russes, les Petits-Russes ou Ruthènes du pays autour de Kiew, fort différents des Moscovites. Double malheur, triple malheur, car la Pologne se détourne ainsi de sa frontière occidentale, où couvent contre elle la rancune et la vengeance prussiennes ; elle prépare