CHAPITRE VI LA CONFÉDÉRATION D’ILLYRIE Parmi tant de peuples foulés ou égorgés, de la mer du Nord au Golfe Persique, j’accorderais à la Serbie la palme du martyre. Palme disputée et jugement difficile. Car de la Belgique violée ou de la Roumanie écrasée, de la Pologne affamée ou de l’Arménie exterminée, — j’en passe — quel sort fut plus affreux, ou quelle destinée plus cruelle? c’est pour nous et pour l’Histoire une douloureuse question. Mais à part les mauvais traitements communs à toutes les victimes des^ Germains, mille tourments politiques sont sortis de la guerre pour la Serbie plus infortunée. Pour le peuple serbe les difficultés ont surgi de tous les points cardinaux, de toutes les pointes de la rose des vents, et toutes ses frontières lui sont contestées par tous ses voisins. Toutes ces épreuves, les Serbes les ont surmontées par leur héroïsme, accumulant des réserves de gloire pour la patrie future. Même parmi de si nobles malheurs, même parmi les prodiges de notre temps, la deuxième épopée serbe, celle du vingtième siècle, frappera et éblouira l’imagination des âges. Aux premiers jours du vingtième siècle, le