128 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE commodes qui lui auraient ouvert la vieille route des Indes Occidentales et Orientales, qu’elle ne parviendrait même pas à occuper la côte à la soudure de la mer du Nord et de la Manche pour pouvoir en tout temps affronter l’Angleterre, les gens du Mitteleuropa prirent aussitôt position. Ils avertissaient doucement que le saut dans la domination universelle était peut-être un peu brusque et démesuré, que la fédération germanique des Etats danubiens, balkaniques et orientaux était un stade modeste sans doute, mais nécessaire, de la Welt-politik. Ils semblaient tenir l’avantage d’avoir sous la main les moyens de préciser et de préparer les projets, de pouvoir utiliser sans retard les agents les plus sûrs de pénétration, les ingénieurs et les financiers, deux forces géminées du monde moderne, et enfin d’être à ce moment plus près peut-être que tous les autres du cœur et des conseils du Gouvernement de l’Empire. C’est tout cela qu’insinuait, sans allusions, désignations ni polémiques directes, l’évangélique pasteur Friedrich Naumann en son Mitteleuropa. * * * Naumann est un conciliateur ('). A ses projets d’annexions déguisées, d’annexions fédératives, il commence par annexer ses adversaires, car il ne dissimule pas que le Mitteleuropa en a, et en Aile- (i) Lui-mème est éclectique. Le 8 juin 1916, il assistait à une des conférences du secrétaire d’Etat des Colonies, alors le Dr Soif. Il y abjurait une partie de ses préférences, disant que « l’Allemagne devait posséder son propre jardin tropical », se prêtant ainsi, en réalité, aux efforts du Gouvernement qui tentait de rassurer ses adversaires, tout en poursuivant son plan.