84 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE de l’Est » — de créer, si elle ne s’établit pas toute seule, une université ruthène à Léopol (') en 1916, et je sais des Slaves, fort avertis et soucieux d’un avenir encore lointain, qui tiennent cette fondation pour un péril sérieux pour la Russie : l’université de Léopol donnerait un cerveau à un corps immense. * * * Pendant tout l’hiver de 1912-1913, de sombres et tragiques rumeurs couraient en Pologne. L’Autriche, toujours en retard d’une idée et d’une armée, accrochée à ses chimères balkaniques, s’efforçait sans cesse de disjoindre l’alliance des peuples de la péninsule, que la Russie maintenait de toute la force de la « cause slave ». Les deux Empires, leurs frontières bourrées d’hommes et de canons, semblaient chaque jour à la veille de commencer la guerre. Quelles heures pour le peuple polonais qui servait dans trois armées, sous trois uniformes différents ! Or, l’Autriche a essayé, comme 011 pouvait le prévoir, de préparer contre la Russie, des deux-côtés de la frontière, une révolte polonaise. La vérité est que rien n’a bougé. On a tenté d’encadrer les jeunes gens de l’Université Jagellon à Cracovie, les bambins des écoles travestis en boys-scouts, les paysans de la plaine, et jusque dans les monts de (1) Léopol est le nom polonais de la ville que les Allemands appellent Lemberg et les Ruthènes Lwow. C’est une ville presque entièrement polonaise en pays ruthène.