LES « MUETS » AUTRICHIENS débats plusieurs pièces et quelques faux, selon les rites. Entre autres, une lettre de Thun à Kramar. L’ancien gouverneur vint à l’audience déclarer que la lettre avait été falsifiée. Sur quoi, le tribunal se trouva malade et l’afïaire fut quelque temps suspendue. Entre le service de l’Empereur et la vérité, le prince Thun choisit la vérité. Ce n’est plus la manière de M. Friedjung. La politique du prince Thun n’était plus du tout dans la manière des Allemands d’Autriche. Seul ou presque seul il pensait qu’on pourrait encore sauver quelque chose du fédéralisme autrichien; il répugnait dans tous ses actes, dans toute sa méthode, à la centralisation autoritaire dont le joug, que tout le monde accepte, porte la marque de Berlin. 11 réunissait, dans ce sentiment, quelques nobles personnes, et ce parti, comme on disait chez nous à la Rostauration, tenait tout entier sur un de ces canapés de style rococo, aux soies défraîchies, qui ornent les salles antiques des vieux palais viennois. Quelques seigneurs de la « noblesse historique » venaient parfois s’asseoir sur ce canapé, mais ils n’y demeuraient guère, résignés, quant à eux, à subir la domination des Germains du Nord, si les titres de ministres et de chambellans leur étaient reconnus. C’étaient ceux qui avaient jadis formé la cour de François-Ferdinand, la victime de Sarajevo. Cette cour se tenait à la résidence viennoise de 1 archiduc, au palais du Belvédère, noble édifice de style français qu’éleva quelque élève de Man-sart pour loger la gloire aujourd’hui bien démodée du prince Eugène, qui — jadis ! — chassa les •urc's de l’Empire. Les ministres d’hier et d’au- SUCCESSION D’AUTRICHE II