l’aigle blanc 209 Il y a dans le inonde un homme politique qui semble avoir eu de tout cela une vue fort claire, sans le dire expressément : c’est le président Wilson. Nous avons pris longtemps l’éminenl juriste qui préside la République des Etats-Unis pour un moraliste, souvent enfermé avec sa conscience et portant sur les choses politiques la sévérité d’un jugement nourri de moralité. Et cependant, l’éminent homme d’État mettait naguère au même rang l’agresseur et la victime et parlait d’une paix sans victoire, c’est-à-dire sans moralité. Il hésitait alors à s’engager sur les voies de la justice. Mais, même alors qu’on craignait qu’il ne faiblît sur la morale, le Président portait au contraire les vues les plus pénétrantes dans les contingences de la politique. Dans son message au Sénat américain, il n’a donné qu’un exemple de la restitution des nationalités et il a choisi celui de la Pologne. Qui donc disait que les Américains ignorent les choses d’Europe ? Il est vrai qu’il y a dans les États-Unis trois millions de Polonais pour éclairer les Américains sur cette affaire. Le Président a parlé d’une Pologne « unie », sachant bien que c’est l’essentiel, et il a ajouté que cette nation comme les autres devrait avoir accès à la mer. Conception historique et juridique parfaitement juste : c’est la Posnanie et Gdansk polonais. Voilà qui est parler : j’y souscris, s’il se peut. Ce serait par une revanche séculaire l’aigle blanc terrassant l’aigle noir, et l’Europe purgée du militarisme prussien. Si le « polonisme » est l’ennemi et l’antidote du régime prussien, mon théorème est démontré; et clans une guerre où le premier objet, suivant le SUCCESSION D’AUTRICHE