DE LA SUCCESSION D’AUTRICHE qu’ils remplissent, paraît-il, de leurs vices : ils y sont toujours moins nuisibles qu’au front ! Voilà de bons témoignages d’un esprit national solide : ce n’est pas tout, j’imagine. Le Tchèque, démocrate, instruit, « primaire » excellent, s’est glissé autant qu’il a pu dans les administrations de l’État, des communes, des grandes compagnies. 11 est resté aux grades inférieurs par le sort naturel de sa race. Je ne serais point trop surpris s’il avait, pendant la guerre, introduit parfois dans l’Admi-nistration autrichienne l’agrément de la grève perlée et des autres moyens de gâter la besogne que la fertilité des luttes sociales a révélés au monde dans ces dernières années. Et pourtant les Allemands n’avaient pas commencé, cette fois : au début de la guerre, on suivit à l’égard des Tchèques une politique conciliante qui jurait avec tout l’esprit de la guerre elle-même : on le reconnut bientôt. La guerre trouva le comte Thun gouverneur de Bohême. Ce grand seigneur, fidèle à de grandes traditions, voyait dans cette guerre un grand danger pour l’Empire en ce qu’elle le rapprochait de son terrible allié du Nord. 11 savait bien que la grande affaire serait la défense contre cet ami dévorant, et que, contre lui, le Tchèque serait le meilleur auxiliaire. Aveugle au spectacle du pangermanisme débordant, il ne désespérait pas d’élever contre lui une digue autrichienne. Mais averti d’autre part de la force et de l’organisation des gens de Bohême, il redoutait leur opposition à l’Empire pendant la guerre : il savait bien qu’à raison de leur situation géographique et de leur