212 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE Tout est simple, tout est clair en Pologne, si on considère les choses du côté prussien. Ici comme en Bohême, une seule opinion, une seule passion : l’antigermanisme, génératrice de toutes les vertus publiques et d’une profitable prospérité. Franchissons la frontière : dans le Royaume et en Galicie, nous abordons la riche et redoutable confusion des opinions polonaises et des partis. Lorsque la Prusse et l’Autriche eurent proclamé l’asservissement légal de la Pologne sous le nom d’indépendance, le 5 novembre 1916, la consigne dans la Galicie officielle, si dévouée à l’Autriche, fut de se réjouir. On se demandait notamment si le prince évêque de Cra-covie, M»r Sapieha, laisserait passer un si grand événement, et si agréable aux Germains, sans ordonner dans son diocèse des messes d'actions de grâces. Le noble prélat pesa les raisons de jubilation et ne les trouva pas suffisantes. Il est homme d’esprit et Polonais, rencontre fréquente : il prescrivit les messes attendues, mais ne voulut pas que le ciel fut loué pour un événement si contestable : il ordonna seulement de prier PEsprit-Saint pour qu’il donnât à son peuple les lumières nécessaires pour se diriger dans les circonstances difficiles. Cette invocation et ce préambule propitiatoires ne me semblent pas inutiles au moment d’essayer de prendre une idée claire des choses présentes en Pologne. ' Je ne tenterai certes pas l’entreprise insensée de poursuivre le dénombrement des partis politiques dans les trois Polognes. Impossible dans un chapitre ; il y faudrait un catalogue sur fiches. Je me suis demandé plutôt si cette prodigieuse faculté de dis-