202 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE l’amour un peu chimérique du panache ou au moins de l’aigrette, une sensibilité délicate et comme féminine qui les conduisait rapidement l’un et l’autre sur les voies de la civilisation, unissaient déjà le peuple français au peuple polonais. Le dix-neuvième siècle enrichit beaucoup ces sentiments. Car c’est surtout quand elle fut mise au tombeau que grandit la patrie polonaise. Force admirable de la fidélité aux souvenirs ! Après une si longue histoire, toute brillante de gloire et chatoyante de combats, après tant de victoires sur les Teutoniques, sur les Cosaques Zaporogues, et l’Europe sauvée des Turcs aux portes de Vienne, le grand siècle de la Pologne c’est celui où elle n’existait plus ! Ce fut aussi le grand siècle de l’amitié franco-polonaise. Les Français entreprirent de faire régner dans le monde la justice et la liberté des peuples, précisément dans le temps que l’on dépeçait la Pologne. Ils se mirent à protester, sans pouvoir rien atteindre. A chaque révolution en Pologne, le peuple à Paris cassait les vitres du gouvernement. Tous les Français, et jusqu’à Casimir Delavigne, étaient transportés de quelque enthousiasme lyrique pour la cause polonaise qui, par une fortune unique, réunissait dans le même sentiment les libéraux et les catholiques : les libéraux s’indignaient par tradition révolutionnaire qu’on mît aux fers un peuple coupable d’avoir abusé, à l’intérieur de ses frontières, de sa propre liberté; les catholiques ne pouvaient souffrir qu’on persécutât leurs frères de Pologne chez qui le catholicisme était devenu, sans aucun doute, une force nationale. Le sentiment