LES AFFAIRES DE POLOGNE Pour apprécier, pour juger une action politique si profonde et si vaste, il faudrait de longues études, une intime pénétration. A ne considérer que les griefs récents et précis, trois mesures, dans les dernières années, ont été vivement ressenties par les Polonais : le rachat des chemins de fer du Royaume, fort légitime, puisqu’il s’agit de voies qui seront au premier chef stratégiques; mais cette mesure aurait entraîné la brusque substitution d’un personnel russe au personnel polonais ; l’affaire des conseils communaux, institution assez autonome respectée par la Russie, mais d’où le Conseil de l’Empire voudrait proscrire la langue polonaise, ce qui rendrait vaine leur autonomie; enfin, l’affaire dite de Khelm, un de ces désaccords statistiques, d’apparence bénigne, et qui déchaînent des désastres. Le district de Khelm, dans le royaume de Pologne, aux frontières du gouvernement, habité par des Ruthènes orthodoxes, de Volhynie, a été par les règlements administratifs extrait du royaume de Pologne et traité comme les pays russes, par le motif que les orthodoxes, entendez Russes, y sont en majorité. Or, ces orthodoxes, disent les Polonais, sont en réalité des uniates, c’est-à-dire des catholiques obéissant à Rome, mais de rite grec. Seulement, ils ont reçu un double baptême, le premier de leur religion qui les fit catholiques, le second de la statistique officielle qui les fit en masse orthodoxes. Cette affaire de Khelm a soulevé chez beaucoup de Polonais du Royaume et même de Galicie de longues colères, chez quelques autres elle a pro-