78 DE LA SUCCESSION d’aUTRICIIE magne, attrait doctrinal et intellectuel, il est vrai, mais de puissant effet. « Le mouvement socialiste en Europe, dit-il ('), est, pour ainsi dire, un mode de colonisation allemande par l’idée ; et le travail des socialistes allemands est un moyen de répandre l’influence allemande dans les autres pays, non qu’ils se soient proposé ce but d’une façon consciente, mais parce que tel est le résultat de leur action. » Que voilà encore une belle matière à réflexion pour ce jeune docteur que nous avons envoyé en Pologne : ainsi le prestige, chose par elle-même absurde et qui aveugle l’esprit, le prestige a sa part dans l’histoire et l’expansion du socialisme, doctrine qui ne veut rien devoir qu’à la raison, qui est le rationalisme intégral. Et ce prestige du socialisme serait aujourd’hui, en Europe, tout germanique. J’inclinerais à penser, en effet, que dans ces marches du germanisme, les socialistes, s’ils ne sont pas confondus dans les partis nationaux, se tournent vers l’Allemagne, par une sorte de polarité, non pas seulement parce que c’est au peuple germain que furent livrées les tables marxistes de la loi, mais surtout parce que de nos jours la puissance socialiste et la puissance allemande se sont un peu, si j’ose dire, conjuguées. La Social-Démocratie combat avec sa coutumière vigueur le régime prussien, mais elle ne répugne pas au régime impérial, la meilleure garantie, elle le sait bien, du travail de l’ouvrier allemand (*). Il (1) La Question polonaise, page i63. (a) Cf. l'exposé des observations de M. Ch. Andlek ilans la Revue du Mois du 10 août igi3.