CHAPITRE V L’AIGLE BLANC Si les conditions politiques étaient aussi favorables en Pologne qu’en Bohême, il n’y aurait pas de Mitteleuropa. i3 millions environ de Tchèques appuyés à environ 21 millions de Polonais, — car toutes les statistiques de nationalités sont approximatives et conjecturales — ce serait 35 millions de Slaves d’Occident pour barrer d’ouest en est la route nord-sud du germanisme vers ses convoitises danubiennes et balkaniques. Par malheur, les Polonais sont aussi brillants que les Tchèques sont solides. Je chéris les uns dans l’ordre sentimental, autant que j’apprécie les autres dans l’ordre politique. Pour les Français, la question polonaise est une affaire sentimentale en effet, et voilà qui est déplorable. Les deux peuples sont sans doute attirés l’un vers l’autre par ce que le moins lourd des Allemands appelait des affinités électives. Au yrai, ils sont liés par leur romantisme, par ce délicieux abus de l’imagination; c’est dans leur période romantique commune qu’ils se sont surtout aimés comme un frère heureux et un frère infortuné. Une vertu généreuse, un goût semblable de l’héroïsme,