LE PRÉTENDANT - MITTELEUROPA livresque : délire de pédants officiels. Tout ce pangermanisme devait finir par les déclarations des professeurs Lasson et Ostwald et les extravagances du manifeste des intellectuels ; l’un des plus beaux monuments de la sottise humaine fut ainsi l’œuvre d’une assemblée illustre de savants. Que tout cela est donc « hautement germanique » ! Il s’en faut d’ailleurs que tout soit purement aberrant dans le pangermanisme, ni surtout inoffensif. La guerre ayant révélé aux Français, parmi quelques autres enseignements, qu’il est bon d’être informé des projets et des idées de ses ennemis, nous avons lu, depuis deux ans, un bon nombre d’études sur le pangermanisme. Ces utiles travaux nous ont amenés à ce point où l’on reconnaît que la question étudiée est embrouillée et plus confuse qu’il ne semble : notable et nécessaire bénéfice. Les matériaux de l’analyse du pangermanisme sont réunis : la synthèse nous en sera précieuse. J’ai, quant à moi, retenu de la lecture des volumes déjà parus de la collection de documents sur le pangermanisme et des sagaces et brillantes préfaces par lesquelles M. Andler nous y introduit ('), ce sentiment de la diversité des doctrines pangermanistes, dans leurs origines, leurs tendances et leurs conclusions. Hobereaux des marches polonaises et magnats de Silésie, armateurs des villes libres ou banquiers de Francfort, socialistes de Saxe ou du Rhin, tous, dans la fumée de l’orgueil, agrandissaient à l’échelle (i) Ch. Andler, Collection de documents sur le pangermanisme. Conard, Paris, 1915-1917. Cf. aussi Maurice Muret, L Orgueil allemand.