I7O DE LA SUCCESSION d’auTRICHE Interrogerons-nous encore les catholiques, qui sont un parti politique, en Autriche, et des plus nombreux? Peut-être se flattait-on, parmi ceux qui songeaient à restaurer l’empire des Habsbourg, que les catholiques du moins seraient moins empressés à courir à Berlin, qu’ils répugneraient à la soumission immédiate à la Prusse où à la route indirecte du Mitteleuropa ? Le parti chrétien social compte au Reichsrath soixante-treize inscrits de langue allemande. Ce parti docile a connu des jours de tumulte et de splendeurs lorsque le DrLueger, bourgmestre de Vienne, le conduisait. Curieuse figure, de grand rayonnement et des plus singulières parmi celles que la politique offrit, dans ces dernières années, à l’admiration du monde. L’amour de son peuple idolâtre lui a déjà dressé une statue dans un coin mi-bourgeois mi-populaire de Vienne. Lue-ger accomplit ce miracle de donner une idée, une passion politique à ce « petit monde » de Vienne, à ces Phéaciens (') empâtés de bonhomie indolente et de chère délicate. Il réunit en un seul programme tout ce qui est cher à un cœur viennois : leur protestation de sens catholique contre le Los von Rom, la haine des juifs et des Magyars — pour un Viennois, c’est tout un, — la lutte contre les grands magasins. Ce parti ne fut point d’abord, sous Lueger, agréable au Gouvernement ni à la Cour : il était populaire et turbulent, et surtout c’est méconnaître [’Autriche, rivale de la Russie, que de dénoncer (1) Un écrivain munichois a publié naguère sous ce titre : Die Phûaken, un roman de mœurs politiques pénétrant sur la vie du Dr Lueger (Cari Conte Scapinelu, Die Phüaken. Leipzig, 1907).