l’aigle blanc 205 d’exterminer la Pologne l’a ressuscitée. Je ne vous raconterai pas cette histoire qui a été trop bien écrite et que nous devrions mieux savoir ('). Voilà qui fait tout à fait notre affaire. Que cherchons-nous pour reconstruire l’Europe ? Des éléments antigermaniques. Car il s’agit de construire une digue contre l’esprit de guerre. Nous trouvons en Pologne prussienne l’un des meilleurs filons de ce précieux minerai. Il a été forgé, ici, par la haine des Teutons : l’esprit national des provinces polonaises de Prusse est un don que la persécution germanique a fait à l’Europe. Il n’y a probablement pas d’exemple d’une entreprise politique ayant donné des résultats aussi parfaitement contraires à ceux qu’on recherchait. Le diable, qui est logicien, a dû s’en mêler en prenant les choses à l’envers. L’Allemagne, voulant exterminer la Pologne, lui a tout donné ou rendu ; il n’est rien dans sa vie politique ou économique que la Pologne prussienne ne tienne de la persécution méthodique des Allemands : son aristocratie et sa démocratie, son esprit national et sa prospérité agricole. Son aristocratie ? Bismarck qui voulait l’exproprier annonçait en plein Reichstag qu’elle dévorerait à Monte-Carlo le prix de ses terres héréditaires ; à ce coup la noblesse polonaise a retrouvé des vertus rustiques qu’elle avait oubliées et s’est mise à résider. Une démocratie, une « république de paysans » est sortie tout arméejde cette entreprise d’empire. (i) H. Moysset, L’Esprit public en Allemagne vingt ans après Bismarck. Paris, Alcan, 1912. Cf. ci-dessus p. 55 et suiv.