l’aigle blanc 211 que féodale. Je n’oublie pas que, en ce moment même, le Gouvernement, par une loi foncière des substitutions, tente de renforcer encore le Junker-tum ; je n’oublie pas que rien n’a pu lui arracher la réalisation de sa promesse capitale de la réforme du régime électoral prussien, qu’il garde là-dessus ses intentions secrètes comme si c’était un « but de guerre ». Mais je vois aussi que cette guerre a soudé l’Allemagne entière au culte de la suprématie militaire, que les catholiques du Centre et les juifs libéraux de la grande presse, les grands industriels, les armateurs et les peuples tiennent aujourd’hui le militarisme pour l’instrument éprouvé et bienfaisant du pangermanisme, pour la sauvegarde nécessaire de la patrie. Peut-être, en cet état, l’Empire allemand pourrait-il se passer de la caste prussienne qui l’a fondé et qui lui léguerait son esprit de domination implacable et hautain et sa voracité qui guette sans relâche le bien d’autrui et le champ du voisin. Peut-être Scheidemann, le plus fidèle serviteur du Gouvernement, conduit-il l’Allemagne de Guillaume II vers une démocratie impérialiste ; le peuple allemand montre déjà l’un des signes certains de ce régime : il a divinisé son Empereur. S’il en était ainsi, les questions politiques changeraient de place et les problèmes de valeur ; notre première affaire n’est point de détruire le militarisme prussien, c’est d’élever des barrières autour de l’impérialisme germanique. Le « polonisme » en est un élément ; il n’y suffit pas.