LES « .MUETS » AUTRICHIENS 167 commande, aux armées comme aux usines. Et vous voudriez qu’ils n’accueillent pas, au prix d’une domination un peu dure, ces Allemands du Nord qui leur apportent le prestige, la méthode, une vie économique accélérée, une administration vigilante et rigide : en un mot cette protection, si douce aux peuples indolents? Non, non, cessons cette guerre funeste où l’on vit trop souvent accourir dans nos villes l’exode lamentable des paysans et des femmes de Galicie, fichus noués sur des figures en larmes, qui fuient devant les chevaux des Cosaques; obéissons à qui nous donnera la sécurité et retournons savourer, aux heures rituelles, à l’abri des querelles tchèques ou des complots serbes, ce café au lait à la crème, de composition si savante, et ces friandises si variées qui accompagnaient, avant la disette, même pour les plus petites bourses, tant de plaisirs viennois ! Paroles de sagesse sans fierté qui courent, je n’en serais pas surpris, au fond des consciences des gentilshommes des Nouvelles de M. Arthur Schnitzler, des petits bourgeois et même des ouvriers des deux cercles d’Autriche ou de Styrie. Ce doit être à peu près ainsi que les bonnes gens de Vienne supplient leur nouvelle idole, Guillaume, empereur d’Allemagne, que le langage populaire viennois rappelle sous l’invocation de Unser Willy, notre Guillaume. C’est cette pensée politique un peu pauvre que les chefs du peuple et ses représentants ont exprimée en y joignant seulement leurs passions politiques et surtout leur haine des Slaves qui semblait jeter un peu de fierté sur cet amour de la paix et de la servitude. Justement l’évangile de Naumann,