230 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE chien en Pologne : c’est peu de chose, pense-t-il. Il en a avec les Polonais : c’est plus grave. L’administration impérieuse d’un peuple discipliné rencontre ici une nation qui ne chérit que sa « liberté dorée » et l’expression naturelle de cette liberté, entendez les luttes des partis. Des partis, des cercles, des ligues, le Prussien en a tant trouvé en Pologne qu’il s’y est parfois embrouillé. On se hâterait d’en rire, si ce n’était de si grave conséquence. La prodigieuse faculté polonaise de dispersion politique a joué depuis deux ans contre l’Alîemand, maître du pays. 11 faut louer la réserve, la dignité et la prudence du peuple polonais dans toute sa vie politique sous l’occupation allemande. Le gouverneur von Bæse-ler, général poméranien qui jadis prit Anvers, vieux Prussien et assez habile homme cependant, a tenté d’accorder des « libertés » aux Polonais pour obtenir leur gratitude et les disposer à la servitude militaire ; les Polonais ont célébré les libertés et réservé leur gratitude. Ni l’ouverture de l’Université de Varsovie, ni l’autorisation de commémorer la fête nationale de Pologne, le 3 mai, anniversaire de la dernière Constitution, n’ont donné les résultats qu’on attendait, soit dans les discours officiels, soit dans les manifestations de la rue. Trois cent mille personnes défilèrent à Varsovie, le 3 mai 1916; l’enthousiasme était spontané et les remerciements pénibles. Il était trop clair que la fête eût été complète, si seulement l’Allemagne en eût été absente. Même dans la démarche solennelle qu’avant le 5 novembre firent à Berlin les délégués polonais,